ESSAI DE RECONSTITUTION DE L’HISTOIRE
DE L’ORGUE DE L’EGLISE SAINTE-RICTRUDE DE MARCHIENNES
DE L’ORGUE DE L’EGLISE SAINTE-RICTRUDE DE MARCHIENNES
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Par : Cédric Colombier
Association Marchiennoise des Amis de l’Orgue de Sainte-Rictrude
Date : Février 2011
A.HISTOIRE DE L’INSTRUMENT
En 1836, la municipalité commande un orgue en deux buffets à François-Joseph Carlier, facteur d’orgues à Douai.
Sur le soubassement du positif, on lit la date de 1837, année d’achèvement de l’instrument.
François-Joseph Carlier (1787-1858), connu à l’époque pour la qualité de son travail, a construit environ quarante orgues neufs. On peut notamment citer les églises Notre-Dame de Douai, Saint-Jacques de Tourcoing, Saint-Eloi de Dunkerque, Saint-Piat de Tournai, La Madeleine de Lille, Saint-Marcellin d’Hasnon, ainsi que les orgues de chœur et de tribune de la cathédrale d’Arras.
De ces orgues, il subsiste bien peu de témoins. On peut citer le buffet de l’orgue de Carvin et l’orgue de Gaurain (B)
Il est à noter qu’on attribue à F-J. Carlier l’invention d’un système de régularisation de la pression dans les soufflets, d’un jeu de trompette céleste et d’un jeu de cor qui, disait-on, étaient d’une imitation parfaite.
De ces orgues, il subsiste bien peu de témoins. On peut citer le buffet de l’orgue de Carvin et l’orgue de Gaurain (B)
Il est à noter qu’on attribue à F-J. Carlier l’invention d’un système de régularisation de la pression dans les soufflets, d’un jeu de trompette céleste et d’un jeu de cor qui, disait-on, étaient d’une imitation parfaite.
L’orgue de Marchiennes est payé par la commune 8240 francs. Après la réception de l’instrument, le conseil municipal vote l’achat de cinq attributs [statues] au facteur d’orgues. Quatre de ces statues représentent des anges. Celle au centre du grand corps représente Sainte-Cécile, patronne des musiciens.Dès 1838, l’entretien de l’instrument est régulier. La commune y pourvoit ainsi qu’aux traitements de l’organiste et du souffleur [personne qui pompe]. A partir de 1849, c’est la paroisse qui se charge de l’entretien de l’orgue. Certaines parties ont dû s’user prématurément puisqu’une première réparation a lieu en 1878 : le conseil de fabrique et le doyen font des travaux pour 1100 francs. Ces travaux sont sans doute assez importants vu la somme dépensée.
A la fin de la Première Guerre mondiale, en 1918, les allemands font main-basse sur les cloches de l’église et les tuyaux de façade de l’orgue, en étain. Un projet est établi en 1922 pour restaurer l’orgue. Outre la disparition des tuyaux des façades, d’autres parties sont à réparer (soufflet, claviers et pédalier, …). On sait aussi que pour placer de nouvelles cloches, le soufflet, situé à l’arrière de la tribune, devait être déplacé. Ainsi, les travaux sont effectués par Jacques Talon, facteur d’orgues de Lambres-lez-Douai. La réception a lieu en 1924.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le pont sur la Scarpe est détruit. Le souffle de l’explosion brise tous les vitraux de l’église mais épargne heureusement l’instrument.
Dans les années 1980, la municipalité met en route un projet de restauration mais il est finalement abandonné et l’orgue, très empoussiéré, est réduit au mutisme.
Aujourd’hui, un projet de restauration soutenu conjointement par la municipalité et l’Association Marchiennoise des Amis de l’Orgue de Sainte-Rictrude se met en place.
B. DESCRIPTION STYLISTIQUE
L’église de Marchiennes, construite de 1786 à 1790 et restaurée de 1811 à 1815, est meublée d’un orgue, posé en tribune au dessus de l’entrée principale.
La tribune de l’église est sans doute contemporaine de l’orgue. Construite sur un plan semi-circulaire, elle est soutenue par deux colonnes cylindriques à base parallélépipédique et chapiteau mouluré. Elle vient en remplacement d’une autre tribune, construite dans l’épaisseur du mur et ne pouvant accueillir que quelques chanteurs.
L’instrument comprend deux buffets en chêne verni : un plus petit, devant, correspondant au positif ; l’autre plus grand et à l’arrière, correspond au grand-orgue. Les lignes simples de l’instrument, le peu de décoration et les moulures abondantes en doucine correspondent au style Louis-Philippe.Deux tourelles encadrant une plate-face constituent la façade du positif. Quant au grand orgue, il se compose de trois tourelles et deux plates-faces.
Au contraire de la facture ancienne, les tourelles sont ici plates et ne contiennent que trois tuyaux. Il est amusant de remarquer le soubassement des plates-faces du positif et du grand-orgue, en chapeau-de-gendarme ainsi que les culots des tourelles, décorés par de délicats liserés de feuilles et grappes de vigne. Outre ces décorations, les culots sont ornés de feuilles de laurier et terminés par un gland.
Cinq statues décorent l’instrument. Deux anges jouant du lézard (ou lizard) sont positionnés sur le buffet du positif. Au grand-orgue, on trouve Sainte-Cécile jouant de l’orgue encadrée par deux anges jouant de la viole. Les statues des quatre anges musiciens semblent ne pas être contemporaines de l’instrument mais bien antérieures. En effet, après l’époque révolutionnaire, il n’est pas rare que les instruments issus d’abbayes supprimées ou d’églises désaffectées soient démontés et que certains éléments soient réemployés dans des orgues neufs.
C. DESCRIPTION INSTRUMENTALE
L’orgue possède deux claviers manuels de 54 notes (do 1 – fa 5) : positif de dos et grand-orgue, et un pédalier de 20 marches (do 1 – sol 2).
Quinze jeux sont répartis entre les claviers :
I Positif de dos
- Bourdon
Prestant
Nazard
Doublette
Cornet III (commence au do 3)
Cromorne B&D (coupure entre si 2 et do 3)
II Grand-orgue
- Bourdon
Gambe
Prestant
Flûte
Doublette
Plein jeu III
Trompette B&D
Clairon B&D
Grand Cornet IV (commence au do 3)
Pédalier
- Pas de jeu propre, en tirasse permanente du grand-orgue
Accessoires
- Accouplement positif-grand-orgue à tiroir
Soufflerie [peut-être un coupe-vent ou un tremblant doux]
Transmission
- Mécanique suspendue pour le grand-orgue
Pilotes foulants et bascules pour le positif
Toute la mécanique est en chêne.
Tuyauterie
- Les tuyaux à bouche sont fabriqués en étoffe [alliage riche en plomb]. Les prestants, en montre, sont construits en étain.
Le jeu de gambe et les tuyaux des façades ne sont pas de la main de F-J Carlier, ils ont été posés par J. Talon en 1924. La gambe remplace un nazard.
Les pavillons des jeux d’anche sont en zinc.
Soufflerie
- La soufflerie est partiellement d’origine. Elle est constituée d’un réservoir et de deux pompes. Le réservoir et les pompes ont vraisemblablement été reconstruits en 1878. Le soubassement et le mécanisme pour actionner les pompes semblent ne jamais avoir été remplacés.
Ce style s’établit durant la première moitié du XIXe siècle.
Il reprend certains éléments du style antérieur, le style Classique : jeux de cornet, de cromorne, de plein-jeu …
Et apporte des innovations : utilisation du zinc pour la construction des tuyaux, abandon du soufflet cunéiforme au profit du soufflet à lanterne, …
A partir de 1841, un autre style s’installe : le style Romantique.
L’orgue de Marchiennes présente un intérêt notable à double titre : il estIl reprend certains éléments du style antérieur, le style Classique : jeux de cornet, de cromorne, de plein-jeu …
Et apporte des innovations : utilisation du zinc pour la construction des tuyaux, abandon du soufflet cunéiforme au profit du soufflet à lanterne, …
A partir de 1841, un autre style s’installe : le style Romantique.
- le témoin quasiment unique de la facture de François-Joseph Carlier ;
- le témoin d’un style d’orgues, s’étalant sur une période courte, dont ne subsistent que très peu d’instruments.
D. PROTECTION
L’orgue de Marchiennes est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis le 13 mai 1969. La partie instrumentale est ensuite classée le 21 février 1980.
E. ANIMATION
Créée le 12 février 2011, l’Association Marchiennoise des Amis de l’Orgue de Sainte-Rictrude a pour but d’aider à la restauration et à l’entretien de l’instrument et de le mettre en valeur culturellement.
F. BIBLIOGRAPHIE
- GUEDON Joseph, Biographie des principaux facteurs d’orgues français et étrangers, Paris, Encyclopédie Roret, 1903
- Archives Départementales du Nord : 2O/379/316
- Archives Communales (recherches de Mme Anita Oger-Leurent) : 2/D-3-4
- DELAHAYE Etienne, Les orgues des églises Notre-Dame, Saint-Nicolas et Saint-Géry de Valenciennes du XIXème siècle à nos jours, revue Valentiana, 2010, pp 156-157
- DECOURCELLE Pierre, Devis pour la remise en état de l’orgue de Marchiennes, novembre 2005